L’attention des enfants diminue en classe, on invente de nouvelles maladies liées à la déficience de l’attention… Cela vient-il de la profusion de distractions que nous proposent nos téléphones, TV, ordinateurs…? Sommes-nous en train de nous désintégrer mentalement ? Demain tous crétins titrait un journal télévisé en constatant une baisse dramatique du QI des enfants occidentaux ! La capacité d’attention est pourtant une capacité de notre cerveau supérieur. Quels exercices pratiques, quelle hygiène de vie pouvons nous mettre en place pour garder et développer cette capacité à nous concentrer ?
Le journaliste et écrivain italien Tiziano Terzani écrivait ainsi : « Aujourd’hui, nous sommes énormément sollicités, si bien que notre mental n’est jamais en paix. […] Nos pensées sont courtes, parce que nous sommes très souvent interrompus. »
Des faits inquiétants
Deux psychologues de l’Université Harvard, Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert, ont posé 250 000 questions à 5 000 personnes de 83 nationalités, et âgées de 18 à 88 ans pour évaluer le lien entre sentiment de bien-être et dispersion mentale : Que faites-vous ? Êtes-vous concentré sur ce que vous faites ? Comment vous sentez-vous ? Ils ont montré que plus notre esprit est dispersé (pas ou peu impliqué dans l’activité en cours), plus cela tend à diminuer notre bien-être subjectif global.
la neurologie de l’attention
Intention et attention
Notre attention est un phénomène qui pour une partie dépend de notre volonté, et pour une partie nous échappe. Nous pouvons « faire attention » et parfois nous apercevoir que notre attention « nous a échappé ». C’est que plusieurs mécanismes neurologiques sont en jeu et interfèrent en dessous de notre niveau de conscience.
L’attention que nous portons sur une tache peut nous distraire et littéralement « supprimer » certaines part de l’information disponible auxquelles justement nous ne faisons pas attention. Par exemple essayez de compter les passes que se font les joueurs de ballon portant un maillot blanc dans cette vidéo.
Lorsque la plupart des gens voient cette vidéo pour la première fois et qu’il cherchent vraiment à compter les passes de l’équipe blanche… il ne voient pas le gorille ! Vous l’avez vu?
Le flux des informations visuelles dans le cerveau
Une zone cérébrale qui voit tout en « live » et est prisonnière de l’instant
En fait la première zone cérébrale qui reçoit les informations venant du nerf optique le cortex visuel primaire v1 situé à l’arrière du cerveau se contente de noter les changements de couleurs, de mouvements et de formes. Le contenu de l’image est immédiatement oublié et renouvelé par l’afflux de nouvelles données. Le contenu est en permanence en train de changer. A ce stade le cerveau note les changements et non pas le contenu de l’image.
Une zone cérébrale qui conceptualise davantage et a une échelle de temps plus large
Un processus de conceptualisation
En revanche, d’autres régions du système visuel, tel le « gyrus fusiforme » dans le « lobe temporal », analysent les images à un niveau plus abstrait. L’échelle de temps de ces régions est plus longue, de sorte qu’elles sont des aires de mémoire temporaire : quand un mot est lu et compris ou que le gorille est reconnu, leurs neurones ne sont pas sollicités immédiatement pour traiter une nouvelle information. Ils peuvent donc rester actifs un petit peu plus longtemps.
- Cela se produit lorsque nous « faisons attention » et elle reste disponible plus de temps ce qui permet qu’elle soit stockée dans la mémoire à court terme. (quelques centaines de millisecondes)
- Mais cela peut aussi se produire lorsque une autre structure automatique de notre perception se met en action. C’est le système d’alerte. Si par exemple le gorille était de couleur rouge, il aurait attiré l’attention. Pourquoi? car la couleur rouge (celle du sang) active une autre zone, dans le cerveau émotionnel, un sorte de gardien qui cherche à éviter le danger ou le plaisir. (sensible au rouge, mais aussi à un visage amical, un sourire…)
Une carte de qui dirige l’attention
Le cerveau, pour s’y retrouver dans cet afflux de données construit à l’aide de l’attention volontaire et de ses processus « automatiques » une sorte de carte de « ce qui ressort. Les neuroscientifiques appellent cela la carte de saillance.
Les objets attirent notre attention d’abord par leurs caractéristiques physiques : un objet qui se distingue nettement par sa luminance, sa couleur, sa forme ou son mouvement attire naturellement l’attention : on dit qu’il est saillant. C’est le cas des cerises bien mûres dans un cerisier. Mais d’autres facteurs plus élaborés contribuent à rendre un objet saillant, par exemple l’émotion qu’il suscite. Vous marchez dans les hautes herbes lorsqu’une forme allongée vous fait sursauter : vous avez pris un vieux bout de bois mort pour un serpent ! Cerveau psycho : Guider la concentration
Et c’est donc cette « carte de saillance » qui décide donc de ce que nous voyons ou pas. Cela force à l’humilité ! Mais cela nous donne une indication précieuse : nous pouvons influencer notre capacité à voir certaines choses et oublier d’autres. Notre intention de chercher d’être vigilants modifie le fonctionnement cérébral pour augmenter la capacité à remarquer certaines choses.
De l’inconscient vers le conscient
Il y a donc un mouvement de sélection de l’attention qui est fait par les automatismes du cerveau. Les structures qui recoivent l’information la mettent « en forme » selon cette carte de « saillance ». Les changements, la brillance, les mouvements sont particulièrement remarqués. En plus de cela un systeme d’alerte émotionnel repère certaines données comme dangereuses et porte attire l’attention. (la couleur rouge qui fait penser au sang, ou la forme longe dans l’herbe qui fait penser au serpent).
Du conscient vers l’inconscient.
Mais le mouvement peut aussi se faire dans le sens conscient > inconscient. Car le fait vous soyiez à la recherche de quelque chose anime les zones cérébrales visuelles. Le simple souvenir de n’importe quel objet, avec sa forme, sa taille, sa couleur, produit une augmentation d’activité dans des neurones des aires visuelles correspondant à la perception physique de cet objet. Les neurones sont préparés et réagiront d’une façon particulièrement forte lors de la mise en présence de l’objet.
Le déplacement de l’attention en situation réelle peut ainsi se résumer à travers la scène suivante : au bord d’une rivière sinuant entre les feuilles mortes, un arbre est chargé de cerises rouges. D’après des critères purement visuels, votre cerveau commence par établir une carte de saillance, avec une probabilité de déplacement des yeux vers la rivière qui présente des discontinuités de mouvement et de luminosité (60 pour cent des mouvements oculaires), vers les cerises, caractérisées par des discontinuités de forme et de couleur (30 pour cent des mouvements oculaires) et vers les feuilles mortes (10 pour cent). Mais vous n’êtes pas venu ici par hasard : la veille, vous avez égaré un bijou dans les herbes. Dès lors, le système exécutif, piloté par le cortex préfrontal, active la trace mnésique du bijou égaré et agit sur l’aire visuelle primaire v1 pour préactiver les neurones correspondant à la perception visuelle du bijou (voir l’encadré page ci-contre). Il peut aussi rehausser l’importance accordée à cette image dans la carte de saillance préalablement établie. Au bout du compte, la probabilité de regarder la rivière ou les cerises diminue…
Les interférences
Notre attention est donc le résultat de l’interaction de différents processus. Certains conscients d’autre totalement inconscients.
- Notre attention et sous notre contrôle lorsque nous lui donnons un objectif.
- sous le contrôle des mécanismes cognitifs qui font remonter (ou pas!) l’information
- et sous le contrôle des systèmes d’alertes émotionnels.
Si l’on réfléchit bien à ce que cela signifie, si l’on veut augmenter sa capacité à faire attention nous avons intéret à minimiser les risques d’interférence émotionnelles, mais aussi de poser des objectifs clairs et visuels à notre attention affin qu’elle entraîne nos capacités de reconnaissance de ce que nous recherchons au milieu de la foule des données inconscientes. C’est ce qui explique l’efficacité des méthodes de visualisation pour littéralement « programmer l’attention » à remarquer certaines choses.
Qu’en est-il du monde post moderne et des multiples sollicitations?
l’adaptation naturelle du cerveau
On remarque que le cerveau a tout de même une bonne capacité d’adaptation au fait d’être dérangé. Une étude faite à l’aide d’un jeu vidéo qui comporte une tache à remplir (pour gagner) et qui est régulièrement interrompue par des sollicitations diverses (dans le jeu mais qui distraient l’utilisateur de sa tache principale).
On a remarqué alors que le cerveau réussit au bout d’un moment à s’habituer aux interruptions et retrouve sa capacité à se concentrer sur son activité principale. C’est donc une signe que nous pouvons travailler dans un environnement « distrayant » et garder une bonne capacité de concentration. Mais par ailleurs, lorsque le jeu fait varier les types de distractions… la capacité de concentration chute de nouveau jsuqu’a ce que le cerveau réussisse à s’adapter à ce nouveau type de distraction.
Une première conclusion est donc que notre cerveau peut s’adapter à la distraction.
Ainsi, on peut s’adapter à des interruptions, mais cela demande un effort et un entraînement spécifiques, dont les bénéfices restent limités à un type précis de distraction. La bonne conduite à tenir est alors de considérer les interruptions comme bien souvent inévitables, et de revenir tranquillement à l’objet de son attention ; si ces interruptions reviennent, ne pas s’en irriter, et rester concentré, tâche après tâche. Tout cela se travaille, et c’est sans doute ce que beaucoup d’entre nous faisons intuitivement. Cerveau-psycho : « Smartphones, alertes email, jeux vidéo, textos, panneaux publicitaires interactifs comment résister »
La méditation : une attention prolongée et volontaire
L’exercice de la méditation dite de « pleine conscience » consiste justement à rester conscient de l’instant présent. C’est donc un entraînement de l’attention à rester dans l’action méditer. Non pas concentré sur un contenu, mais concentré sur le fait d’observer « tout ce qui passe » dans le champ de la conscience. Cette activité particulière qui observe les sensations, les pensées, les émotions, les impressions corporelles simples comme la respiration ou complexes comme un mal de tête semble bien muscler la capacité d’attention.
Le neuro-scientifique américain Richard Davidson, spécialiste des bases neuronales de la méditation, a observé qu’au niveau cérébral, la méditation suscite une augmentation de l’activité des zones cérébrales dévolues à l’attention (notamment, le cortex préfrontal), et que cette augmentation est plus importante chez les méditants experts que chez les novices. Cela suggère que le substrat cérébral de l’attention pourrait se « muscler » avec le temps, dotant l’individu d’armes plus performantes pour affronter les interruptions et distractions du quotidien. Cerveau-psycho : « Smartphones, alertes email, jeux vidéo, textos, panneaux publicitaires interactifs comment résister »
Vers un nouvel équilibre?
Les neurosciences et la Programmation Neuro Linguistique (PNL)
La PNL, que nous pratiquons beaucoup chez phoenix-care a commencé à être mise en forme avant l’avènement des scans cérébraux et donc avant l’éclatement des neurosciences. Mais beaucoup de leurs conclusions confirment ses observations empiriques de la PNL. Le travail de visualisation d’un objectif par exemple n’a plus à démontrer son efficacité et l’on comprend maintenant grâce aux neuro science et notre connaissance des zones cérébrales comment cela fonctionne.
De grands changements sont avenir et c’est tant mieux !
Alors que nous connaissons de mieux en mieux les processus intérieurs de notre attention, et qu’ils rejoignent les traditions spirituelles de la méditation pour avoir de plus en plus conscience d’être soi. Nous sommes en train d’assister à un retour de l’esprit. La méditation bien sur, mais aussi une conception de l’écologie et du bien être qui réfléchit sur les niveaux de conscience.
Avoir une vie humaine c’est avoir un cerveau en état de marche ! c’est donc apprendre à connaître son fonctionnement pour apprendre aussi à façonner ses stratégies. C’est apprendre à l’influencer pour qu’il mette la puissance de ses automatismes au service de nos buts, nos valeurs les plus hautes.
Alors on voit émerger un peu partout (et c’est tant mieux) en face du neuromarketing, le neuro bien être, le neuro apprentissage… et ce n’est qu’un commencement. Bientôt le neuro spirituel en passant bien sur par la « neuro linguistique.
Nous vivons vraiment dans une époque passionnante.